Unda Souki
2020 Une histoire en cinq actes
La salle de bain est l’ultime espace intime, l’ultime espace privé de notre chez nous. Peut-être l’un des endroits le plus propices à la mise en relation avec nous même et avec les émotions et les états d’esprit qui nous traversent : nos peurs, nos rages, nos frustrations, nos chagrins et blessures, nos pensées, nos doutes, nos besoins, nos désirs, et finalement notre vulnérabilité. Prendre un bain c’est être en contact avec tout cela à travers le soin de notre corps, dans le silence, la solitude et la discrétion de ce minuscule espace privé.
Quotidiennement on passe par différents situations, différents émotions, et c’est dans la salle de bain où on se confronte avec l’agenda du jour passé ou l’agenda du jour à venir. C’est le lieu où on est en face avec nous mêmes soit pour nous préparer avant de retrouver l’extérieur, soit pour nous réconforter de ce qu’on a trouvé à l’extérieur.
On est infiniment seul dans une salle de bain, et pourtant, on est traversé par toutes les scènes du jour ou de la semaine ou de nos vies. On est accompagnée par nos pensées, par nos fantômes, par les présences que nous chérissons ou qui nous effraient.
Un espace complètement ordinaire qui prend une tournure extraordinaire. C’était cette dimension intime et personnelle que j’ai voulu peindre. Le thème est vaste et riche, mais j’ai choisi cinq états d’esprit pour cette série de cinq tableaux. J’ai aussi choisi le même angle pour tous les tableaux, mais ce lieu se révèle différemment selon ce que nous traversons. La salle de bain devient donc un terrain d’expression où chaque objet, sa disposition ou sa mise en scène traduit un état d’esprit. Chaque objet est un élément narrateur d’une histoire émotionnelle et personnelle. L’eau qui jaillit ou qui remplit la baignoire ou l’évier, devient l’un des principaux éléments narratifs et poétiques qui racontent aussi cette histoire.
Une histoire et un lieu où l’on retrouve l’instant, le passé et le devenir regroupés. Où l’on trouve tous les temps verbaux sur le même plan : ce que je fais, ce que j’ai fait, ce que je ferai, ce que je ferais.